La prématurité, définie comme une naissance avant 37 semaines d’aménorrhée, touche environ 8,3% des naissances en France. Elle peut entraîner des complications pour le nouveau-né en raison de l’immaturité de ses organes.
Définition et épidémiologie de la prématurité
La prématurité se définit par une naissance survenant avant 37 semaines d’aménorrhée (SA). On distingue différents stades selon le terme de la grossesse au moment de l’accouchement :
- La prématurité tardive (35-36 SA)
- La prématurité modérée (32-34 SA)
- La grande prématurité (28-31 SA)
- L’extrême prématurité (22-27 SA)
Plus la naissance est précoce, plus la fragilité du nouveau-né est et nécessite une prise en charge adaptée. L’immaturité des organes est d’autant plus marquée que le terme est petit.
L’augmentation du taux de prématurité et ses causes
En France, environ 8,3% des naissances surviennent avant 37 SA, soit 60 000 bébés prématurés chaque année. Parmi eux, 2,3% naissent avant 32 SA.
Le taux de prématurité a augmenté ces dernières années, notamment en raison de l’augmentation des grossesses multiples liées aux techniques de procréation médicalement assistée (PMA). La prématurité touche en effet 45% des jumeaux et 96% des triplés.
Certaines pathologies maternelles ou fœtales peuvent également conduire à une naissance prématurée lorsqu’un accouchement est déclenché pour préserver la santé de la mère ou de l’enfant.
Stade de prématurité | Terme (SA) | % de naissances en France |
---|---|---|
Prématurité tardive | 35-36 | 5,7% |
Prématurité modérée | 32-34 | 1,7% |
Grande prématurité | 28-31 | 0,8% |
Extrême prématurité | 22-27 | 0,3% |
Causes et facteurs de risque de la prématurité
La prématurité spontanée, qui représente environ 70% des naissances avant terme, peut être due à différents facteurs :
- Une rupture prématurée des membranes (RPM)
- Une infection maternelle ou fœtale
- Une grossesse multiple
- Des anomalies utérines ou cervicales
- Un travail prématuré idiopathique (sans cause identifiée)
Certains facteurs de risque augmentent la probabilité d’un accouchement prématuré spontané, comme un antécédent de prématurité, une grossesse rapprochée, un âge maternel très jeune ou avancé, ou encore un suivi de grossesse insuffisant.
Les facteurs augmentant les risques de prématurité
Outre les causes directes de prématurité spontanée, certains facteurs environnementaux et comportementaux peuvent favoriser un accouchement avant terme :
- Le tabagisme et la consommation d’alcool ou de drogues pendant la grossesse
- Une mauvaise nutrition et un faible statut socio-économique
- Un stress maternel
- Des conditions de travail difficiles avec port de charges lourdes ou station debout prolongée
Aux Hospices Civils de Lyon (HCL), entre 1200 et 1300 nouveau-nés prématurés sont pris en charge chaque année, dont 12% de grands prématurés en 2023. Un suivi régulier de la grossesse et l’identification des facteurs de risque permettent de prévenir certains accouchements prématurés.
Complications et prise en charge du nouveau-né prématuré
Les nouveau-nés prématurés présentent une immaturité de leurs organes à la naissance, qui les rend particulièrement vulnérables. Les principales caractéristiques du prématuré sont :
- L’immaturité du système nerveux central et des réflexes de succion-déglutition
- L’immaturité pulmonaire avec un risque de détresse respiratoire
- L’immaturité du tube digestif et une coordination de l’alimentation imparfaite
- Une fréquence cardiaque et une fonction rénale immatures
- Une peau fine et fragile avec une diminution de la fonction barrière
L’extrême prématurité, concernant les bébés nés avant 28 SA, est associée au plus haut risque de décès et de séquelles. La plupart des enfants nés après 27 SA survivent cependant sans problème neurologique majeur.
Les complications possibles et leur traitement
Les complications les plus fréquentes chez les nouveau-nés prématurés sont :
- La maladie des membranes hyalines et les apnées nécessitant une assistance respiratoire
- Les difficultés d’alimentation avec un risque de retard de croissance
- Les hémorragies cérébrales pouvant laisser des séquelles neurologiques
- Les infections favorisées par l’immaturité du système immunitaire
Un traitement par corticoïdes en fin de grossesse permet d’accélérer la maturation pulmonaire du fœtus et de diminuer ces risques. Les grands prématurés bénéficient d’une surveillance neurologique rapprochée par électro-encéphalogramme, échographie cérébrale, ainsi que d’un suivi auditif et visuel.
Accompagnement des parents d’enfants prématurés
L’importance de favoriser le lien parent-enfant
Comme le souligne un expert, « une naissance prématurée, c’est la rencontre singulière entre un être en survivance et des parents en devenir ». L’accompagnement des parents par les équipes soignantes est primordial pour les aider à tisser un lien avec leur bébé, malgré les difficultés liées à la prématurité.
Les premiers instants de vie sont essentiels pour favoriser l’attachement précoce. Les soignants encouragent le peau à peau et l’allaitement maternel dès que possible, afin de permettre aux parents de créer une relation privilégiée avec leur enfant.
Des aménagements sont mis en place dans les services de néonatologie pour impliquer les parents dans les soins de leur bébé : changes, bains, alimentation au sein ou au biberon. Ces moments participent au processus de parentalité.
Pour favoriser le lien parent-enfant prématuré :
- Pratiquez le peau à peau le plus tôt et le plus souvent possible
- Allaitez votre bébé ou participez à ses soins de nutrition
- Changez, baignez et habillez votre enfant dès que son état le permet
- Parlez, chantez et lisez des histoires à votre bébé
- Impliquez le père dans les soins et les moments de tendresse
Le soutien émotionnel et pratique aux parents de prématurés
Au-delà de l’accompagnement dans la rencontre avec leur enfant, les parents de prématurés ont besoin d’un soutien psychologique pour faire face au choc de la naissance avant terme et aux angoisses qu’elle suscite.
Un suivi régulier par un pédopsychiatre ou un psychologue leur permet d’exprimer leurs peurs et leur sentiment d’impuissance, afin de les aider à s’ajuster émotionnellement à la situation. Des groupes de parole entre parents confrontés à la même épreuve offrent un espace de partage et de réconfort.
Sur le plan pratique, les équipes soignantes prodiguent des conseils pour préparer le retour à la maison et les orientent vers des associations et des aides à domicile. L’organisation familiale et matérielle peut en effet s’avérer compliquée lors des premières semaines.