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La prééclampsie : une complication grave de la grossesse à connaître

La prééclampsie est une maladie complexe qui touche 2 à 5% des femmes enceintes. Elle se caractérise par une hypertension artérielle et une protéinurie après 20 semaines d’aménorrhée, pouvant entraîner des complications graves pour la mère et l’enfant. Mieux comprendre cette pathologie et savoir la dépister précocement est essentiel pour tous les futurs parents.

Qu’est-ce que la prééclampsie ?

La prééclampsie résulte d’un dysfonctionnement du placenta qui relargue des substances nocives dans le sang maternel. Ce phénomène entraîne une vasoconstriction généralisée, une activation de la coagulation et une inflammation systémique chez la mère.

Le placenta joue un rôle important pendant la grossesse en permettant les échanges d’oxygène et de nutriments entre la mère et le foetus. Un placenta défectueux peut ainsi avoir des conséquences graves sur la croissance et la santé du bébé, en plus des symptômes maternels.

Une maladie complexe et multifactorielle

La prééclampsie est une maladie qui reste encore mal comprise par les médecins. Elle met en jeu des mécanismes immunologiques, angiogéniques et des anomalies liées à l’oxygénation du placenta.

De nombreuses recherches sont en cours pour mieux comprendre les causes exactes de ce dysfonctionnement placentaire et les interactions entre les différents facteurs de risque génétiques et environnementaux. Une meilleure compréhension des mécanismes permettrait de développer des outils de dépistage et de nouveaux traitements.

Causes et facteurs de risque

Le risque de prééclampsie est en partie d’origine génétique, avec une héritabilité estimée à environ 50%. Il n’existe pas un gène unique responsable mais de multiples variations génétiques qui, combinées, augmentent la susceptibilité à la maladie.

En plus de ces facteurs génétiques, des modifications épigénétiques (non inscrites dans la séquence d’ADN) interviennent aussi dans la survenue de la prééclampsie. L’épigénétique étudie l’influence de l’environnement sur l’expression des gènes et semble jouer un rôle clé dans cette pathologie.

Symptômes et diagnostic

Le dépistage précoce est primordial afin d’identifier les femmes à risque de prééclampsie. La détection de protéines dans les urines (protéinurie) et la mesure régulière de la tension artérielle sont les examens clés réalisés à chaque consultation prénatale.

Une hypertension supérieure à 140/90 mmHg et un taux de protéinurie dépassant 300mg/24h après 20 semaines d’aménorrhée doivent alerter et conduire à une surveillance approfondie. Avant l’introduction de ces examens systématiques au 19ème siècle, le diagnostic était souvent posé tardivement.

Un test sanguin et l’échographie doppler comme outils complémentaires

Pour affiner le dépistage, les obstétriciens disposent aujourd’hui de tests sanguins évaluant le rapport sFlt-1/PlGF. Ce biomarqueur aide à prédire la survenue d’une prééclampsie à court terme, en particulier chez les femmes à risque.

L’échographie doppler est un autre outil permettant d’apprécier la vascularisation utéro-placentaire et d’identifier précocement un retentissement de la prééclampsie sur la croissance foetale. Ces examens complémentaires permettent d’adapter au mieux la prise en charge.

Complications et risques

Si elle n’est pas dépistée et traitée à temps, la prééclampsie peut évoluer vers des complications maternelles graves comme l’éclampsie (convulsions), le syndrome HELLP (atteinte hématologique et hépatique), l’hémorragie cérébrale ou l’insuffisance rénale aiguë.

À plus long terme, elle augmente aussi les risques d’hypertension chronique, de maladies rénales et même de démence vasculaire chez les femmes concernées, soulignant l’importance d’un suivi au long cours. Environ 15 femmes décèdent chaque année en France des suites d’une prééclampsie.

Conséquences pour l’enfant : prématurité et retard de croissance

En raison du dysfonctionnement placentaire, les enfants nés de mères prééclamptiques présentent plus fréquemment un retard de croissance intra-utérin. Lorsque l’extraction du fœtus est nécessaire avant terme pour protéger la mère, s’ajoutent les risques liés à la prématurité.

En France, un tiers des grands prématurés sont liés à une prééclampsie maternelle. Ces bébés nécessitent des soins spécifiques et peuvent garder des séquelles, d’où l’importance d’un suivi pédiatrique adapté.

Prise en charge et traitements

Lors d’une prééclampsie, une hospitalisation est souvent nécessaire pour permettre une surveillance rapprochée de la mère et du fœtus. Un traitement antihypertenseur est instauré afin de contrôler la tension artérielle et de prévenir les complications.

En cas de signes neurologiques, le sulfate de magnésium est administré comme anticonvulsivant pour éviter la survenue d’une éclampsie. Des corticoïdes peuvent être prescrits pour accélérer la maturation pulmonaire du fœtus s’il existe un risque d’accouchement prématuré.

Déclenchement de l’accouchement et suivi post-partum

L’enjeu principal est de prolonger la grossesse le plus longtemps possible pour permettre au fœtus de gagner en maturité, tout en préservant la santé maternelle. L’accouchement reste le seul traitement définitif de la prééclampsie.

Un déclenchement est donc souvent réalisé de manière anticipée. Après la naissance, un suivi tensionnel régulier et prolongé est indispensable car l’hypertension et les autres symptômes peuvent persister plusieurs semaines. Un traitement au long cours est parfois nécessaire.

Essais de nouveaux traitements préventifs et curatifs

De nombreux essais cliniques sont en cours pour tenter d’améliorer la prise en charge de la prééclampsie. Chez les femmes à risque, la prescription d’aspirine à faibles doses en début de grossesse semble diminuer l’incidence de la maladie.

D’autres traitements prometteurs comme la supplémentation en BH4 (tétrahydrobioptérine) sont à l’étude, dans l’espoir de pouvoir prévenir ou traiter plus efficacement cette pathologie. L’avenir passera par une meilleure compréhension de la physiopathologie et la mise au point de thérapies ciblées.

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