Episode 64 : Naïma – Accouchement instrumentalisé, ressentis et lien d’attachement

L’accouchement est un moment charnière dans la vie d’une femme, marqué par une gamme d’émotions allant de l’euphorie à la peur, et parfois, à la douleur et au traumatisme. Naïma, une maman de 34 ans, nous livre son histoire d’une grossesse compliquée et d’un accouchement instrumentalisé qui a marqué son parcours vers la maternité.

Une grossesse sous tension

Naïma commence son récit en expliquant comment sa grossesse n’a pas du tout été conforme à ses attentes. Dès les premiers mois, elle est envahie par le stress et l’angoisse de perdre son bébé, ce qui la plonge dans un état dépressif. Elle décrit des symptômes physiques et psychologiques intenses, comme l’incapacité à dormir allongée, des pleurs fréquents, et une peur omniprésente de la mort, tant pour elle-même que pour son bébé. Ces mois de grossesse sont marqués par une solitude auto-imposée, où elle reste la plupart du temps dans sa chambre, à pleurer ou à dormir.

L’accouchement instrumentalisé

Vers la fin de sa grossesse, Naïma commence à ressentir des contractions de plus en plus fréquentes. Malgré sa détermination initiale à accoucher sans péridurale, la douleur insoutenable la pousse à changer d’avis. À l’hôpital, après avoir été examinée, elle est installée dans une salle d’accouchement où elle perd les eaux, ce qui la plonge dans une panique inattendue. La douleur devient alors insupportable, et malgré la pose de la péridurale, Naïma continue de souffrir.

L’accouchement prend une tournure dramatique lorsqu’après de longues heures de travail, la progression n’est pas satisfaisante, conduisant à l’intervention d’un médecin et à l’utilisation d’une ventouse pour aider à la sortie du bébé. Cette procédure, non expliquée à Naïma, la laisse dans une douleur et une détresse extrêmes. Elle se sent trahie par son corps et par le processus médical, ressentant une violence obstétrique qui la laisse en état de choc.

Les conséquences physiques et émotionnelles

Naïma décrit l’accouchement comme un moment où elle a perdu le contrôle, où la douleur et la peur ont pris le dessus. Elle n’a pas pu ressentir le lien d’attachement immédiat avec son enfant, ce qui est une source de culpabilité intense pour elle. Les photos prises par son mari montrent un regard vide, une mère absente émotionnellement, ce qui illustre bien la dissociation qu’elle a vécue. Ce traumatisme a nécessité un suivi psychologique, car elle lutte encore avec les souvenirs douloureux de son accouchement.

La récupération et le lien mère-enfant

Après l’accouchement, Naïma a dû faire face à des complications physiques comme des déchirures et des hémorroïdes, rendant la récupération difficile. L’aspect le plus ardu a été de construire un lien avec son bébé. Elle reconnaît que, bien que l’instinct de prendre soin de son enfant était présent, l’attachement profond et émotionnel est venu plus tard, après avoir surmonté le choc de l’accouchement. Elle a dû travailler sur elle-même pour accepter son expérience et pour tisser ce lien si précieux avec sa fille.

Le récit de Naïma est un rappel poignant de la complexité de l’accouchement et de ses répercussions sur la santé mentale et physique des mères. En partageant son histoire, elle offre non seulement une catharsis personnelle mais aussi une perspective qui peut aider d’autres femmes à comprendre et à parler de leurs propres expériences. La guérison de Naïma est en cours, soutenue par le temps, la thérapie, et l’amour grandissant pour son enfant. Son témoignage est une invitation à la compassion et à la compréhension, soulignant l’importance de l’accompagnement médical et psychologique dans le parcours de la maternité.

Retrouvez son témoignage en intégralité :

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